Je suis triste.

Michelle et papa cet été.

La fin de vie fait ressembler mon père à un nourrisson géant, tout recroquevillé. son visage est comme celui d’un Bébé tout rond avec les quelques cheveux qui lui restent sur le crâne, il est si émouvant à regarder...  il ne parle presque plus et d’une voix si faible qu’elle évoque la proximité de la fin.  Ses membres sont maigres, sans muscles, tout repliés. il dort tout le temps, lorsque je lui demande si ça va, avec un petit sourire il me rassure, tout va bien je suis bien. Il n’a pas la force d’ouvrir les yeux, il tient la main de Michelle comme les nourrissons s’accrochent au doigt de leur maman, il lui demande de s’approcher tout près, elle le rassure,

- je suis près de toi...

il y a des réminiscence d’enfance dans cette image.

La vie s’éloigne, mais je ne sens pas encore la présence de la mort.

Tous les moments passés dans cette chambre me sont précieux, même si je ne parle plus directement avec mon père, je crois que tout est dit me concernant ... Je suis sereine.

Avec une générosité qui m’a touché, David m’a dit:

- ça fait plaisir de voir comme son visage s’illumine lorsque tu entres dans la chambre 

cette phrase résume ce que tous (Michelle et ses enfants) m’ont donné depuis l’annonce de la maladie, une place que je n'espérais pas.

C’est si doux de voir ses enfants, sa femme, proche de lui, si pleins de tendresse. Mon père n’est pas de la génération de parents qui «nourrissent» leurs enfants de mots d’amour, ce n’est pas une génération bavarde.... ils ont en tout cas un savoir faire de parents qui ont transmis à chacun le sens de la famille, le besoin d’être solidaires dans ce moment important. Mon père nous donne encore, par l’exemple, du courage. Dés les premiers jours à l’hôpital quand la cruauté du diagnostique nous a tous sidéré, il a cheminé, rapidement vers ce que les spécialistes appellent: l'acceptation, avec une humanité ou une philosophie que j’admire et dont je souhaite être capable.